Tant que nous ne nous engageons pas, le doute règne, la possibilité de se rétracter demeure et l’inefficacité prévaut toujours. En ce qui concerne tous les actes d’initiatives et de créativité, il est une vérité élémentaire dont l’ignorance a des incidences innombrables et fait avorter des projets splendides. Dès le moment où on s’engage pleinement, la providence se met également en marche. Pour nous aider, se mettent en œuvre toutes sortes de chose qui sinon n’auraient jamais eu lieu. Tout un enchaînement d’événements, de situation et de décision crée en notre faveur toutes sortes d’incidents imprévus, des rencontres et des aides matérielles que nous n’aurions jamais rêvé de rencontrer sur notre chemin. Tout ce que tu peux faire ou rêver de faire, tu peux l’entreprendre. L’audace renferme en soi génie, pouvoir et magie. Débute maintenant.
Goethe
Sous cent masques divers, jeunes gens, adultes, vieillards, pères, citoyens, prêtres, fonctionnaires, marchands, font la parade et ne songent qu’à la comédie qu’ils donnent tous ensemble sans penser le moins du monde à eux-mêmes. A la question « Pourquoi vivez-vous ? », ils répondraient aussitôt avec orgueil : Pour devenir un bon citoyen, un savant, un homme d’État! (…) Toutes les institutions humaines ne sont-elles pas destinées à empêcher les hommes de sentir leur vie, grâce à la dispersion constante de leurs pensées. (…) La hâte est générale parce que tous veulent s’échapper à eux-mêmes.
Nietzche, Considération inactuelles.
La morale collective actuelle nous fait croire que l’important, c’est de l’emporter sur les autres, de lutter, de gagner. Nous sommes dans une société de compétition, mais un gagnant est un fabricant de perdants. Il faut rebâtir une société humaine où la compétition sera éliminée. Je n’ai pas à être plus fort que l’autre. Je dois être plus fort que moi grâce à l’autre.
Albert Jacquard (La relève et la peste)
Comme le temps manque pour penser et garder le calme dans la pensée, on n’étudie plus les opinions divergentes : on se contente de les haïr. Avec la monstrueuse accélération de la vie, l’esprit et l’oeil sont accoutumés à une vision et à un jugement incomplets et faux, et chacun ressemble aux voyageurs qui font connaissance avec le pays et la population sans quitter le chemin de fer.
Nietzsche, « Humain trop humain. Un livre pour les esprits libres » (1878-1879)
Dans un monde où personne n’est contraint de travailler plus de 4 heures par jour, tous ceux qu’anime la curiosité scientifique pourront y donner libre cours, tous les peintres pourront peindre sans pour autant vivre dans la misère au lieu de vivre de leur talent, les jeunes auteurs ne seront pas obligés de se faire de la réclame en écrivant des livres alimentaires à sensation en vue d’acquérir l’indépendance financière que nécessitent les œuvres monumentales dont ils auront perdu le goût et la capacité de créer quand ils seront enfin libres de s’y consacrer ; surtout, le bonheur et la joie de vivre prendront la place de la fatigue nerveuse, de la lassitude et de la dyspepsie, il y aura assez de travail à accomplir pour rendre le loisir délicieux mais pas assez pour conduire à l’épuisement.
Comme les gens ne se seront pas trop fatigués dans leur temps libre, ils ne réclameront pas pour seuls amusements ceux qui sont passifs et insipides.
Bertrand Russel, « Éloge de l’oisiveté »
« L’habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même »
Albert Camus “La Peste” (1947)
« Créer, c’est ainsi donner une forme à son destin »
Albert Camus “Le Mythe de Sisyphe”, Gallimard, 1942
« Il n’est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir »
Albert Camus “Le Mythe de Sisyphe”, Gallimard, 1942
« L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde »
Albert Camus “Le Mythe de Sisyphe”, Gallimard, 1942
« Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie »
Albert Camus “Le Mythe de Sisyphe”, Gallimard, 1942
« L’homme est la seule créature qui refuse d’être ce qu’elle est »
Albert Camus “L’Homme révolté”, Broché, 1951