Ces « damnés de la terre », pour l’Antillais Frantz Fanon, psychiatre et militant FLN en Algérie, ce sont tous les peuples colonisés, écrasés politiquement, économiquement et culturellement, méprisés par un colonisateur tout à la fois avide de s’enrichir et imbu de ses certitudes universalistes.
Imprimé en pleine guerre d’Algérie, le livre tomba sous le coup de la censure mais circula sous le manteau et devint la bible des nombreux intellectuels tiers-mondistes.
Faisant appel aussi bien à l’histoire qu’à la sociologie, la psychologie, la politique, l’économie…, ce livre inclassable est en fait à la fois une analyse implacable, en même temps qu’une incitation aux déshérités des pays pauvres à se libérer de leurs chaînes sans pour autant singer (comme le font parfois les nouvelles bourgeoisies indigènes) les valeurs de la vieille Europe, qui ont montré leur cynisme.
On peut déplorer qu’il ait été surtout connu à travers la préface qu’en fit Jean-Paul Sartre, radicalisante et réductrice par rapport aux propos de Fanon.
L’ouvrage a ensuite été oublié ; on l’a dit daté ; et pourtant, il contient une analyse du rapport dominants-dominés sur notre planète qui, aujourd’hui, n’a rien perdu de sa pertinence.